Juliette Wagner
1987
Maîtrise de l’Opéra de Lyon, 1994-1999 / 2003-2006
Pourquoi la Maîtrise ?
Ma mère avait appris, en tant que cheffe de chœur, que la Maîtrise de l’Opéra ouvrait quelques années plus tôt. Elle avait proposé aux enfants de sa meilleure amie d’y rentrer, ils s’y plaisaient beaucoup.
J’aimais déjà chanter, mais je n’avais pas chanté avant, j’assistais régulièrement aux répétitions de ma maman qui était cheffe de Cantourelle (chœur d’enfants de 5 à 8 ans) et d’autres chorales.
Ce sont mes parents qui me l’ont proposé. Ils m’ont dit ce que c’était, toutes les disciplines qu’il y avait à l’intérieur, on m’a dit qu’on faisait des opéras et des concerts, qu’on bougeait sur scène. J’en ai vu plusieurs en vidéo et ça m’avait vraiment beaucoup plu.
Son parcours
Après avoir fait une pause avec la Maîtrise, j’ai repris au chœur d’adolescentes pour la rigueur technique, pour le « niveau d’excellence ». Entre mes deux périodes à la Maîtrise, j’étais à la Cigale de Lyon, créée par mon grand-père et dirigée alors par Anne-Marie Cabut. En même temps que la Maîtrise, je chantais dans le Collectif Fusion.
Après l’année Terminale je suis partie à l’étranger car je ne savais pas ce que je voulais faire de ma vie. C’est vrai que j’aimais bien chanter, j’aimais bien la musique, j’aimais bien ce milieu-là et en même temps j’aimais beaucoup le design, le dessin et l’informatique et du coup j’étais un peu perdue donc je suis partie en Australie et en effet à mon retour ça s’était clarifié : l’informatique et le design.
Quand je suis revenue de mon séjour en Australie, je suis entrée au Centre de la Voix, en technique vocale et en chant individuel et choral, et j’ai continué de chanter à Fusion en même temps. Donc j’avais un chœur qui était plus amateur en terme de niveau où on montait vraiment des spectacles et le Centre de la Voix, qui était beaucoup plus technique, plus vocal. Pouvoir garder les deux, ça créait un équilibre qui m’allait bien. J’ai ensuite passé les auditions pour le Chœur National des Jeunes.
Avez-vous grandi dans un environnement propice à cette expérience maîtrisienne ?
Dans ma famille il y a beaucoup de musiciens : mon grand-père était chef de chœur, mes oncles sont chefs d’orchestre et professeurs de solfège, mon père a chanté en chœur, ma mère est cheffe de chœur et professeur de solfège et d’éveil musical. C’était induit que j’allais chanter vu mon cadre familial !
Que vous a apporté la Maîtrise ?
Un rythme de travail, un rythme de vie.
Nous avions un rythme de travail très élevé par rapport aux autres élèves « normaux ». Je ne gravitais pas tellement avec les autres classes, donc je ne me suis pas rendue compte spécialement de la différence d’avec elles. Cela m’a permis d’avoir un rythme de travail très élevé qui a formé ma façon de travailler, et de ne pas me rendre compte que j’avais une charge de travail énorme.
« La Maîtrise m’a habitué à ce rythme dès ma construction d’enfant et de jeune fille puis d’adulte. »
Je n’irai pas jusqu’à dire que grâce aux cours d’expression corporelle et de claquette je suis devenue une bonne danseuse, mais cela m’a apporté un très bon sens du rythme. Si je n’étais pas entrée à la Maîtrise, je ne serais jamais entrée dans un conservatoire et je ne sais pas si j’aurais fait de la musique. Je ne sais pas si j’aurais eu l’ambition de continuer avec autant de ferveur sur autant d’ensembles tout au long de ma vie. Mais je pense effectivement que ça m’a plus construit humainement et socialement que musicalement.
Le piano, même si j’ai rechigné, m’a apporté beaucoup de plaisir pendant mes années lycée.
« Pour moi, la normalité c’était la Maîtrise. »
Dans quelle mesure réutilisez-vous ce que vous avez appris à la Maîtrise ?
Ce sont plus des souvenirs, des anecdotes que je peux raconter à droite et à gauche. Je suis quelqu’un de très très timide mais sur scène, ce n’est plus du tout pareil. C’est une autre Juliette qui prend le devant, qui n’a plus peur.
Musicalement, je conserve la technique vocale : les cours de la Maîtrise m’ont toujours accompagné, même si j’ai eu ensuite d’autres professeurs de chant.
Je suis à l’aise dans beaucoup de milieux et la Maîtrise m’a beaucoup apporté pour ça. Le fait de faire de la scène, d’être en représentation, être à l’aise devant des gens, même si je suis d’un caractère plutôt timide quand je suis devant peu de personnes, maintenant où j’ai à faire des rendez-vous clients, où j’ai à faire des rendez-vous avec quelques personnes et mener des ateliers, c’est quelque chose où je n’ai pas de soucis, je rentre très facilement en contact avec eux.
Et aujourd’hui ?
Je suis devenue cheffe Cantourelles (chœurs d’enfants de 5 à 8 ans). Et je me suis découverte. C’était quelque chose que je ne pensais pas avoir en moi et finalement, je suis plutôt à l’aise avec la pédagogie avec les tous petits. Il y avait quelque chose dans le côté héritage qui me plaisait pas mal. Le symbole était assez fort.
Je chante également dans trois chœurs : InChorus (constitué d’anciens du CNJ qui ont souhaité poursuivre une aventure musicale commune), FireVox (monté par des anciens du chœur de jeunes lyonnais Cassiopée où j’ai chanté) et les Météores dirigé par Estelle Vernay.