COVID-19 – La ventilation exercée grâce à la bonne pratique respiratoire m’a évité les urgences et l’hospitalisation

Témoignage d’une cheffe de chœur professionnelle, qui s’est formée à l’étranger et qui exerce à Paris depuis 30 ans

La semaine du 9 mars démarre pour moi comme bien d’autres: une répétition le lundi, une deuxième le mercredi, deux qui se suivent le jeudi avec, dans l’intermède, du travail avec mes chanteurs solistes, des rencontres avec les musiciens accompagnateurs, des voyages en métro, des courses au supermarché, la vie privée… Rien ne laisse présager l’expérience qui allait bientôt suivre… Or, le vendredi 13 mars, je commence à tousser et à avoir une gène importante au niveau de la poitrine. Deux jours plus tard, je découvrirai que j’avais attrapé la Covid-19.

En effet, le dimanche, après le premier tour des élections, je me suis couchée avec une gène grandissante. Je me suis réveillée vers 2h du matin avec de la fièvre, 38°6. Je me suis donc décidée à appeler le numéro d’information dédié mis en place par le gouvernement. Le conseiller n’a pas hésité une seule seconde: il fallait appeler le 15.

Je précise que nous étions au tout début de l’épidémie en France. À ma connaissance, personne n’était malade autour de moi. Le confinement n’avait pas encore été annoncé. J’ai décidé d’annuler ma répétition du samedi, je commence à songer à l’annulation de celle du lundi…

Le médecin du 15 me conseille de prendre du Paracétamol et d’attendre. Deux heures plus tard, le thermomètre marque 39°9. Je panique et compose à nouveau le 15. Mais, cette nuit là, les services sont débordés et pas encore assez préparés. Le médecin que je réussis à avoir au bout du fil me conseille de ne plus rappeler sauf « si vous vous sentez mourante »! Ce sont l’état de choc et la peur.

La maladie ne fait que commencer et elle sera pointée par la fièvre, les fortes migraines, la tachycardie, la toux incessante, la perte de l’appétit, des douleurs articulaires… Très dur. Le médecin que je réussis à avoir en téléconsultation le jeudi 19 au matin me rassure: « vous êtes à votre septième jour, le pire est passé ».

Quelle ne serait ma sidération quand, à partir du jeudi soir, les choses commencent à empirer. Je perds le goût et l’odorat dans l’après midi; la fièvre et la toux s’intensifient dans la nuit, la migraine repart de plus belle et, surtout, je respire de plus en plus mal. Le lendemain soir, j’attends les 21 respirations par minute. J’ai dépassé le seuil. Je suis en détresse respiratoire.

Mes enfants, qui m’ont accompagnée pendant toute la maladie, appellent alors le 15 et mettent en route le haut parleur. L’attente est infinie et je n’ai pas envie de partir à l’hôpital. Je me dis alors « tu es chanteuse, tu sais respirer bon sang »! Ce fut la pensée salvatrice. Je commence alors à pratiquer la respiration que nous connaissons tous et que nous recommandons régulièrement à nos choristes. Les yeux fermés, j’ouvre les côtés, sur les flancs, dans le dos. J’essaye d’expirer lentement, en comptant, en cherchant à « soutenir» pour réduire le débit et ainsi améliorer ma ventilation. Avec une concentration maximale, je compte les secondes: inspire! expire!. En même temps, mon fils compte les minutes d’attente au 15 tandis que ma fille surveille le rythme respiratoire. 20 minutes plus tard, le Samu n’a toujours pas décroché. Ma fille constate alors que je suis à 16 respirations/sec : c’est gagné ! Nous décidons de raccrocher le combiné.

Mon médecin traitant me dira plus tard que c’est la ventilation exercée grâce à la bonne pratique respiratoire qui m’a évité les urgences et l’hospitalisation.

Je remercie donc plus que jamais les pouvoirs bénéfiques du chant. Nous en vantons souvent ses bienfaits, ses qualités pour la psyché et pour l’esprit mais aussi pour l’équilibre physique de l’être . Je peux aujourd’hui en témoigner avec joie.

La deuxième semaine de maladie fut la plus dure et complexe. J’ai dû faire souvent appel à la pratique de la respiration du chanteur, même si elle fut régulièrement interrompue par les quintes de toux ou par la tachycardie angoissante.

J’ai fut déclarée guérie le 21 avril, soit plus de 5 semaines après les premiers symptômes. Par chance, lors de mes dernières répétitions, j’avais déjà adopté les distances obligatoires et interdit les embrassades entre choristes. Je crois n’avoir contaminé personne lors des répétitions de la dernière semaine de travail. Les deux choristes (de groupes différents) qui attrapèrent la maladie l’ont eue en même temps que moi ce qui élimine pratiquement toute probabilité que je sois à l’origine de leur contagion… Ce fut un grand soulagement.

Je tiens à souligner l’énorme soutien que tous les chanteurs représentèrent pour moi dans cette période éprouvante. Leur présence et leur solidarité font aussi partie des qualités indissociable de la merveilleuse pratique qui est la nôtre.

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