Portraits d’anciens maîtrisiens



Crédits Aymar de Langautier

Irénée Romanoff
1993

Maîtrise de la Cathédrale du Puy-en-Velay (2002-2008)

Statut actuel : Étudiant séminariste

Pourquoi la Maîtrise ?

Quand j’étais en CM1, je n’avais pas beaucoup de recul sur ce qui pouvait exister. C’était une maîtrise mixte au service de la liturgie dans un sanctuaire, qui était vraiment en phase avec les valeurs de mes parents. Il y avait un choix de conviction, ce sont eux qui m’ont poussé à faire cela. De plus, mon grand-frère y était déjà alors j’étais pressé de le rejoindre.

Son parcours

J’ai chanté à la Maîtrise de la Cathédrale du Puy-en-Velay du CM1 à la 3ème. Parallèlement, j’ai fait 7 ans de violon en école de musique, validant mon 2ème cycle de violon et 3ème cycle de solfège. Suite à cela, j’ai fait des études en école préparatoire en école d’ingénieur d’agronomie à Toulouse. J’ai ensuite travaillé pendant 1 an à Limoges. Suite à cela je me suis reconverti en reprenant des études pour devenir prêtre. J’ai donc fait deux années d’études de philosophie au séminaire de Toulouse. Puis je suis parti 1 an en stage dans une association à Marseille qui fait du soutien scolaire dans les quartiers Nord. En revenant à Toulouse cette année, je fais un an de stage dans une paroisse en banlieue.

Avez-vous grandi dans un environnement propice à cette expérience maîtrisienne ?

Dans ma famille nous avons tous été à la Maîtrise et mes parents ont eux-mêmes fait de la musique. Ma mère a toujours été passionnée de chant et avec mon père ils nous ont toujours poussé à nous lancer dans la musique.

Que vous a apporté la Maîtrise ?

Ces années de Maîtrise m’ont aussi formé à une certaine exigence. C’est une chose qui m’a formé dans ma vie et m’a suivi dans ma manière d’être aujourd’hui. Comme la Maîtrise prenait un certain temps, cela m’a habitué à faire plein de choses en dehors des études, et à avoir une vie la plus riche possible en termes de loisirs, de culture. C’est un état d’esprit qui m’a été inculqué à ce moment-là.

« Je crois que la Maîtrise m’a donné des compétences mais aussi a formé mon goût pour une certaine musique. Je me rends compte que c’est très précieux. »

Est-ce que ça vous plaisait ?

Oui, beaucoup. Je me souviens de tournées en Allemagne, de rassemblements des Pueri Cantores. Je me souviens avoir participé à des moments fédérateurs un peu exceptionnels qui revenaient régulièrement comme les temps forts de la liturgie tels que la Semaine Sainte, le 15 août ou alors des choses un peu plus exceptionnelles : animer certains concerts dans une ville pendant une semaine de vacances, ou un week-end.

Dans quelle mesure réutilisez-vous ce que vous avez appris à la Maîtrise ?

Je bénéficie aujourd’hui de tous les acquis en solfège, en chant qui me sont restés. C’est vrai que tout cela est exploité aujourd’hui dans mon activité auprès de mes paroissiens qui ne sont d’ailleurs pas tous lecteurs.

Et aujourd’hui ?

Je suis en stage dans une paroisse et dans ce cadre, je sollicite beaucoup de personnes pour chanter en polyphonie pendant les messes. Je répète, en tant que chef de chœur, presque chaque semaine avec des paroissiens volontaires.

Dans 10 ans, j’espère que…

J’aimerais être en mesure de travailler plus ma voix car je me rends compte qu’un certain nombre de choses ne me sont pas accessibles aujourd’hui, qui me manquent, ne serait-ce que pour savoir comment apporter un peu de qualité dans un chœur. Je sais qu’il y a beaucoup de choses que je ne maîtrise pas, qui ne me permettent pas d’accéder à un certain répertoire sacré plus technique. Aujourd’hui à la messe les chants que nous faisons sont abordables, dynamiques, qui plaisent, qui sont chantés de partout mais qui ne sont pas de la grande musique. J’aimerais bien de temps en temps retrouver l’expérience de la Maîtrise et avoir le plaisir de remonter quelques pièces plus corsées. Je crois que je serai prêt à favoriser ce genre de structure.

« Me préparant à devenir prêtre, je me dis que c’est un grand enjeu de pouvoir faire vivre un répertoire pluriséculaire, de le transmettre et de le donner à vivre et à chanter.

Publié le 21/05/21


Crédits Henri Auffray

Hermine Auffray
1993

Maîtrise des Demoiselles de la Légion d’Honneur (2003-2008)

Statut actuel : Professeur en volontariat humanitaire

Pourquoi la Maîtrise ?

Je ne suis par arrivée à la Légion pour chanter mais ça a été la révélation de savoir qu’il y avait une classe de chant. Peut-être que mes parents m’ont soufflé ce désir de rentrer à la Maitrise mais en tant que tel, j’avais tellement envie de rentrer dans cette classe-là que j’ai préparé les chants d’entrée pour la sélection et j’y ai mis tout mon cœur.

Avez-vous grandi dans un environnement propice à cette expérience maîtrisienne ?

Nous sommes neuf enfants, tous musiciens et jouons tous d’un instrument différent. Nos parents nous ont inculqué la musique et c’était très important pour eux de nous pousser là-dedans.

« Pour eux, il y a plus que la musique derrière cela ; c’est nous donner une âme, un amour des belles choses. La musique est le langage de l’âme. »

Son parcours

J’ai fait huit ans de pensionnat de filles dont 5 ans à la Légion d’Honneur. C’est là-bas que j’ai été maîtrisienne. Tout a commencé lorsque j’ai exprimé mon désir de faire du violon, donc mes parents m’ont inscrite au conservatoire de Belfort pour faire du solfège ; cela m’a permis de commencer à faire de la chorale. Quand je suis rentrée en 6ème et que j’ai postulé pour la Légion d’Honneur dirigée par Boris Mychajliszyn, j’ai en même temps postulé pour la seule classe maîtrisienne qui était assez sélective. J’y suis restée quatre ans au collège et après j’ai poursuivi le chant avec l’ensemble vocal un an au lycée avec François Weigel. Après la Légion d’Honneur, j’ai fait deux ans de lycée dans un lycée public et après ça, j’ai fait un DUT de génie chimie des procédés, j’ai ensuite poursuivi avec une Licence générale de chimie, puis une Licence professionnelle à l’ISIPCA, l’Institut supérieur international des parfums cosmétiques et arômes alimentaires. Ensuite j’ai travaillé pendant deux ans en tant qu’assistante parfumeur. J’ai poursuivi avec 6 mois de mission humanitaire en Asie, et en revenant j’ai travaillé presque deux ans dans une compagnie pharmaceutique.

Que vous a apporté la Maîtrise ?

Nous étions énormément éduquées à la musique vocale mais aussi à apprendre à écouter la musique en assistant à des concerts. Je me rends compte que dans ma vie d’aujourd’hui, mon oreille s’est affinée sur les techniques de chant. Je sais mettre en place les rythmes auxquels il faut faire attention, les mots sur lesquels il faut bien s’appuyer, toutes les petites clés qui font qu’un chant peut être amélioré.

« [Les techniques de chant] me servaient tous les jours en France lorsqu’il fallait chanter avec les scouts, dès qu’il fallait mettre en place un chant polyphonique. »

Est-ce que ça vous plaisait ?

Oui, j’ai adoré la maîtrise en tout point. J’aimais particulièrement la discipline que cela demandait, les chants que nous faisions et le résultat formidable que l’on produisait. Ce que je préférais, c’est lorsque que tout notre travail aboutissait, que l’on mettait toutes les voix en commun, en particulier les quatre pupitres ; c’était vraiment magnifique. Nous chantions aussi bien du sacré que du profane, et dans des lieux clés notamment à Notre-Dame de Paris, au Cadre Noir de Saumur, aux Invalides, à la grande Chancellerie, pour le rallumage de la flamme, etc… Nous étions les seules élèves à représenter et faire rayonner l’école à l’extérieur. Dans la tête des Français, la Légion d’Honneur est très importante.

« J’aimais la discipline dont on devait faire preuve pour qu’il y ait une unité dans les chants. L’idée n’était pas de crier plus fort que les autres mais de bien comprendre que ce qui faisait l’unité, c’était que chacune chantait là où il fallait qu’elle soit ».

Dans quelle mesure réutilisez-vous ce que vous avez appris à la Maîtrise ?

Le contrôle de soi et du stress a été très important pour moi. J’ai du mal à m’exprimer en public mais respirer de la manière dont on me l’a apprise m’a aidé.
Lors de notre préparation au mariage avec mon mari, notre service d’église était d’être dans la chorale de Saint-Nizier (Lyon), et là encore nous avons eu un super prof qui nous a appris de super techniques. J’ai pu utiliser mes compétences de maîtrisienne. Avoir quelques piqures de rappel quelques années plus tard ne fait pas de mal !

Et aujourd’hui ?

Je suis à présent en Zambie pour deux ans de mission humanitaire. Je suis prof d’ordinateur et je donne aussi des cours de formation humaine.

Dans 10 ans, j’espère que…

Je sens que la musique est quelque chose que je souhaiterais transmettre à mes enfants. Je leur inculquerai l’amour de la musique et je veux qu’ils soient musiciens car j’ai tellement reçu par cela que je ne pourrais pas en priver mes enfants. Nous avons des projets de composition avec mon mari si nous en trouvons le temps en Zambie.

Publié le 17/05/21


Matis Moisson
1999

Maîtrise de Seine-Maritime (2015-2020)

Statut actuel : Étudiant et vice-président de l’Université du Havre

Pourquoi la Maîtrise ?

Ce qui m’a motivé, c’était la bonne ambiance qui avait l’air d’être présente dans cette maîtrise, c’étaient les témoignages d’amis de mes amis qui sont devenus mes amis finalement, de tous les voyages qu’ils faisaient, de Mathias Charton et de la pédagogie qu’il y avait autour et de ce que cela apportait du point de vue personnel. Ce sont ces deux piliers je dirais : compétences et bonne ambiance.

Avez-vous grandi dans un environnement propice à cette expérience maîtrisienne ?

Je dirais que ma famille n’était pas insensible à la musique, mais je ne dirais pas que le milieu dans lequel j’ai grandi personnel était particulièrement favorable à ce que je rentre dans ce chœur-là, pas du tout. La chorale, c’était quelque chose d’inconnu pour ma famille.

Son parcours

J’ai fait deux ans de piano en CM2 et en 6ème au conservatoire intercommunal d’Yvetot puis j’ai arrêté.
Pendant tout mon collège j’ai continué de faire du piano et puis en 3ème, j’ai rencontré des amis très sympa qui faisaient tous les trois de la musique, alors on s’est dit qu’on allait faire un petit groupe dans lequel je chantais. J’ai rejoint l’option Musique facultative pour le bac dès la Première et en Terminale j’ai rejoint le Chœur Presto en tant que ténor.

Malheureusement j’ai arrêté la Maîtrise car cela me prenait trop de temps. Cela m’a vraiment fendu le cœur mais il fallait que je fasse un choix.

Que vous a apporté la Maîtrise ?

Le savoir-vivre, la solidarité, la tolérance face aux avis divergents et une certaine rigueur.
La dynamique du groupe, la pédagogie avec laquelle les projets étaient menés ont fait qu’au bout d’un moment la rigueur devient une part du tout qui est cet engagement qui nous fait plaisir et dans lequel on s’épanouit. Ce n’est pas par la contrainte que Mathias Charton nous faisait faire des choses, c’est par l’envie.

« L’engagement bénévole et complètement dénué d’intérêt personnel fait qu’on se retrouve complètement grandi. »

Est-ce que ça vous plaisait ?

La Maîtrise me plaisait énormément, oui. Bien plus que ce que je serais en mesure de décrire ! C’est une aventure humaine folle, et je dois dire que le caractère très diversifié des activités que nous avons pu mener ou effectuer, musicales bien entendu mais pas seulement, a sûrement beaucoup aidé. Il ne s’agissait pas de deux heures ça et là pour le loisir, mais bien d’un besoin réel d’aller chanter et faire de la musique, le plus souvent possible, que chacun et chacune au sein du chœur éprouvait. Et mon cas n’a pas fait exception.

« Ce sont la pluralité, la diversité des profils qui ont fait que chanter ensemble était tout le temps un réel plaisir »

Dans quelle mesure réutilisez-vous ce que vous avez appris à la Maîtrise ?

Aujourd’hui, je suis dans une équipe de direction, cela veut dire qu’il faut que je compose avec des profils différents, des personnalités différentes, et c’est aussi ça dans tout groupe dans lesquels on est amenés à travailler ou construire des choses. L’engagement est aussi une question sur laquelle je travaille aujourd’hui, parce qu’en tant que vice-président étudiant et ancien bénévole, je l’ai beaucoup à cœur, en l’occurrence l’engagement étudiant, mais aussi le fait de le promouvoir et de le reconnaître.

« Je pense que la clé d’une réussite d’un engagement, c’est précisément de faire ce que l’on veut et ce que l’on aime. »

Et aujourd’hui ?

Je suis en Master de Droit public au Havre et vice-président de l’Université du Havre, chargé d’étudiants. Ce n’est pas exclu que je revienne à la Maîtrise plus tard mais vis-à-vis de mon projet professionnel, c’était plus logique de me concentrer sur ce poste de vice-président.

Dans 10 ans, j’espère que…

… je serai directeur général des services d’une petite commune, qui dirige les services de la municipalité. Travailler dans une petite commune fait aussi écho à ce que j’ai vécu avec la Maîtrise : sens du service public et de l’intérêt général.

Publié le 30/03/21


Julien Freymuth

Crédits Nicolas M.

Maîtrise de Garçons de Colmar (1990-1999)

Statut actuel : Contre-ténor professionnel

Pourquoi la Maîtrise ?

Je suivais des cours d’éveil musical à l’école de musique de Munster. Ces cours étaient très axés sur le chant. Lorsque j’ai appris qu’il y avait une école maîtrisienne à 15km, j’ai décidé de passer l’audition pour approfondir cette voix d’enfant. J’ai pu retrouver à la Maîtrise tout ce que je faisais en cours d’éveil.

J’ai pu suivre une formation pendant 9 ans à la Maîtrise de Garçons de Colmar. L’école maîtrisienne fonctionne en horaires aménagés : le matin, nous suivions notre enseignement général et l’après-midi, nous suivions les différents cours à l’école maîtrisienne (chant, piano, déchiffrage, formation musicale, chant choral…). Cette organisation a fait de nous de bons lecteurs et de bons chanteurs et m’a permis de faire ce métier aujourd’hui, avec grand plaisir.

Avez-vous grandi dans un environnement propice à cette expérience maîtrisienne ?

Non, la plupart [de ma famille ndlr] s’est orientée vers les métiers de la bouche, de la gastronomie. Quelque part, c’est assez proche !

Son parcours

Je suis parti en Bretagne pour préparer un Brevet de technicien des métiers de la musique. C’était une belle formation complète et vaste : du travail du son à l’administration musicale. J’ai suivi, en parallèle, des cours de chant au Conservatoire de Saint-Brieuc où j’ai fait le choix de travailler la voix de contre-ténor.
Par la suite, j’ai intégré la formation des chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles pendant 3 ans.

« J’ai eu un déclic lorsque je suis arrivé au CMBV. La rencontre d’ensembles professionnels et la production dans des lieux incroyables m’ont vraiment donné envie d’en faire mon métier.« 

En parallèle, j’ai continué des études d’art lyrique au conservatoire de Versailles. Enfin, je suis parti en Allemagne à Mayence pour approfondir mes connaissances en musique ancienne. J’ai pu y suivre de nombreuses masterclass avec des chefs venant du monde entier, avec des cultures très différentes. Cette richesse m’a énormément apporté.

Que vous a apporté la Maîtrise ?

L’ expérience maîtrisienne m’a apporté la confiance. Qu’elle soit envers les autres et surtout en soi-même.

Est-ce que ça vous plaisait ?

Chanter est vite devenu un plaisir et un besoin vital, celui de pouvoir s’exprimer à travers ses émotions et d’être à l’écoute de son corps. 

Ce qui était très intéressant également, c’est la découverte d’autres cultures lors des tournées à l’étranger (en particulier au Japon). J’adorais préparer ma valise pour partir en train, en bus ou en avion pour découvrir le monde, et surtout découvrir les différents publics.

« Une magnifique ouverture au monde qui nous entoure. Les voyages forment à la vie ! »

Autre chose d’important, la diversité des répertoires abordés (langues étrangères et esthétiques différentes).

Dans quelle mesure réutilisez-vous ce que vous avez appris à la Maîtrise ?

Aujourd’hui, en tant qu’artiste lyrique j’utilise cet enseignement reçu dans chacune des activités ou productions dans lesquelles je m’engage. Aussi bien sur scène que dans la pédagogie lorsque je suis invité à animer des classes de maître dans les conservatoires ou récemment au sein de l’école maîtrisienne de Colmar.

Et aujourd’hui ?

Je n’enseigne pas, mais je suis régulièrement invité pour donner des masterclass dans les conservatoires pour travailler sur le répertoire ancien et développer l’esthétique baroque chez les élèves. J’ai également dirigé la Pré-Maîtrise de Garçons de Colmar pendant 1 an et demi. C’était une très belle expérience : cela m’a enrichi humainement. J’ai également pu approfondir ma connaissance de la voix de l’enfant.

« Ce qui était le plus fort, c’était d’enseigner dans l’école qui m’a formé !« 

Aujourd’hui, je suis contre-ténor professionnel et je pratique essentiellement la musique baroque. J’ai récemment intégré le Chœur des Métaboles et cela me permet de m’ouvrir les portes vers la musique contemporaine ou romantique. Je travaille régulièrement avec le Concert Spirituel, La Chapelle Rhénane, le Parlement de musique. J’aborde également le répertoire de la chanson polyphonique de la Renaissance avec l’ensemble Thélème, basé à Bâle en Suisse, où je suis seul dans ma partie.


Ce qui me plaît le plus et me manque beaucoup, c’est d’interpréter les airs des cantates et des Passions de Jean-Sébastien Bach. Cette crise nous empêche d’avoir ce répertoire dans l’agenda pour le moment, mais cela va revenir, c’est une certitude !

Publié le 12/02/21


Manon Capron

Maîtrise de Seine Maritime (2012-2019)

Statut actuel : Élève en chant lyrique et étudiante

Pourquoi la Maîtrise ?

Dans le coin où j’habitais, il n’y avait pas d’autres chorales, et comme au départ je n’étais pas intéressée pour entrer dans une chorale, le fait d’avoir eu la chance de découvrir cela dans le collège où j’étais m’a donné envie de choisir l’option CHAM (ndlr : Classe à horaire aménagé musique). Lorsque que j’ai assisté à des cours de la classe CHAM, j’ai tout de suite aimé la pédagogie du professeur, la bonne humeur du groupe. Je me suis alors dit, pourquoi ne pas essayer. En plus les chants me plaisaient, et chanter à plusieurs voix m’impressionnait quand j’étais jeune.

Avez-vous grandi dans un environnement propice à cette expérience maîtrisienne ?

Pas du tout. Je ne connaissais pas la musique savante et ne savais pas lire la musique avant d’entrer à la Maîtrise. Ni mes parents, ni mon entourage ne fait de la musique. Mes parents aiment la musique actuelle, mais ne m’ont jamais fait découvrir la musique savante car ce n’est pas ce qu’ils écoutent.

« Entrer dans la Maîtrise était ma volonté ; mes parents m’ont encouragé et n’ont jamais été un frein »

Son parcours

Mathias Charton donne sa chance à tout le monde ; c’est-à-dire qu’il fait des auditions et il ne refuse personne.
Je suis entrée à la Maîtrise de Seine-Maritime au collège, en classe de 5ème, en 2012, en prenant l’option CHAM, jusqu’en 2016.

J’ai pris l’option Musique au lycée tout en chantant en parallèle dans le Jeune Chœur de la Maîtrise jusqu’en 2019 et en intégrant les cours de flûte traversière et de chant lyrique au Conservatoire à Rayonnement Intercommunal d’Yvetot. Depuis 2019, je suis en 3ème cycle de chant lyrique au Conservatoire à Rayonnement Régional de Tours.

« Il faut toujours laisser une chance aux élèves de découvrir la musique, c’est important. »

Que vous a apporté la Maîtrise ?

Tout d’abord de la confiance ; j’ai appris à dépasser mes limites, à ne plus avoir peur de chanter sur scène, à ne plus avoir peur du regard des gens. Mathias Charton m’a toujours fait confiance en tant que soliste dès mes débuts.

La patience également ; en musique il faut savoir être patient et prendre le temps de faire les exercices nécessaires pour avoir un bon niveau. Le travail ne sera que meilleur avec un peu de patience.

Le partage est aussi une valeur que je retiens ; la Maîtrise mélange tous les âges, c’est très convivial. Aujourd’hui, j’ai appris que partager ses connaissances et ses envies était l’une des choses essentielles dans le monde musical, car grâce à cela on peut s’entraider pour nos projets.

Est-ce que ça vous plaisait ?

J’adorais ça même ! Chez moi, je n’arrêtais pas de m’entraîner, de travailler mes partitions; chanter en chœur était devenu ma passion. Ce qui me plaisait le plus à la Maîtrise, c’était la bonne humeur du groupe, les voyages et surtout les concerts, ce que j’adorais le plus. J’étais fière de monter sur scène et je voulais rendre fier mon professeur. J’ai de très bons souvenirs de tous mes concerts, ça me rendait vraiment heureuse. C’était une véritable passion. Les compétitions font aussi partie de ce qui me plaisait le plus : voyager, écouter d’autres chorales, découvrir de nouveaux répertoires selon les pays, la bonne humeur, l’adrénaline, la motivation et le travail. Toute la préparation avant chaque compétition était si excitante !

On a fait beaucoup de voyages que ce soit pour de la compétition ou pour un échange entre chœurs. Cela a permis au groupe de mieux se connaître, et de donner le meilleur de nous même. Je suis partie en Allemagne, en Pologne, en Suède, à Venise… ; je n’ai voyagé dans ma vie qu’avec la Maîtrise de Seine-Maritime.

Quand je faisais partie du Jeune Chœur, pendant certaines pauses, nous étions 5-6 élèves à vouloir apprendre la direction de chœur. Avec Mathias, j’ai appris les bases, et appris à diriger des extraits du Gloria de Vivaldi que nous avons fait en concert. Il m’a donné la possibilité de diriger le bis en concert.

Dans quelle mesure réutilisez-vous ce que vous avez appris à la Maîtrise ?

À la Maîtrise, on apprend les bases : la posture, la technique de chant, l’utilisation des pommettes, le masque, la lecture de partitions…

C’est aussi grâce à la Maîtrise que je me suis découverte une voix de chanteuse lyrique. C’est parti de simples imitations puis j’ai trouvé mon vibrato et c’est là que tout à commencé. Aujourd’hui grâce à la Maîtrise, il m’est facile de déchiffrer une partition par exemple.

Et aujourd’hui ?

Je suis en deuxième année de licence à la faculté de musicologie de Tours. En parallèle, je suis en fin de 3e cycle au Conservatoire à Rayonnement Régional de Tours et je vais d’ailleurs passer mon CEM (ndlr : Certificat d’Études Musicales) dans 3 mois .
Je fais partie du chœur Énnéades dirigé par François Bazola (répertoire baroque), du chœur Lumen Laulu dirigé par Marine Delagarde (répertoire traditionnel, contemporain) et du chœur Mikrokosmos dirigé par Loïc Pierre (répertoire traditionnel, contemporains, créations).
J’envisage à la fin de ma licence de passer le concours du CNSMD de Paris (ndlr : Conservatoire national supérieur de musique et de danse) en chant lyrique ou alors un master de recherche et interprétation des musiques anciennes option médiéval, la musique de la renaissance m’intéresse également beaucoup, j’hésite encore.

« La Maîtrise ouvre des portes pour l’avenir »

Dans 10 ans, j’espère que…

… je serais diplômée en chant lyrique du CNSMD de Paris.

… je ferais en parallèle de l’histoire de la musique parce que je ne pourrai jamais arrêter ça.

Publié le 02/03/21


Ophélia Besson
1999

Crédits Michel Basset

Maîtrise de l’Opéra de Lyon (2006-2016)

Statut actuel : Cheffe de chœur et étudiante en direction de chœur au CNSMD de Lyon

Pourquoi la Maîtrise ?

Née dans une famille de musiciens, mes parents sont professeurs de musique. Quand ils ont vu que je n’arrêtais pas de chanter en maternelle et en CP, ils m’ont proposé de rejoindre une école où on ne fait que ça : la Maîtrise de l’Opéra de Lyon, c’était une évidence.

Avez-vous grandi dans un environnement propice à cette expérience maîtrisienne ?

Dans ma famille on est tous musiciens ; j’ai commencé le violon à la même époque, je baigne donc dans la musique depuis toujours : c’est venu un peu de façon naturelle.

J’ai une autre sœur qui était à la Maîtrise. On est 4 enfants, les deux autres ont fait les classes CHAM en instrument.

Son parcours

Je suis entrée à la Maîtrise de l’Opéra de Lyon en 2006 à l’âge de 7 ans et j’y suis restée jusqu’en 2016. Je suis partie en fin de 1ère car il y avait moins de productions et j’avais envie de voir autre chose.

Après la Maîtrise, j’ai arrêté de chanter un an car c’était une période dure à gérer ; je n’arrivais plus à chanter. La mue est difficile à gérer en maîtrise.

J’ai donc commencé la direction de chœur à la rentrée suivante à l’ENM de Villeurbanne et j’ai recommencé à chanter, ça me manquait trop : à Spirito dans le Jeune chœur symphonique sous la direction de Nicole Corti, et dans le chœur Mikrokosmos dirigé par Loïc Pierre.

Puis deux ans plus tard, j’ai passé le concours d’entrée au CNSMD de Lyon dans la classe de direction de chœur avec Lionel Sow, où j’ai été reçue en juin 2019. Au CNSMD, on a beaucoup de cours, et ça, j’adore.

« Quand j’étais petite je voulais devenir cheffe d’orchestre car diriger un orchestre, c’est comme jouer tous les instruments du monde en même temps. »

J’ai créé depuis un an mon ensemble vocal Syllepse avec pour objectif d’en faire un ensemble professionnel. Les chanteurs sont activement impliqués dans le projet de l’ensemble vocal.

Que vous a apporté la Maîtrise ?

Une exigence artistique : dès l’âge de 8 ans on est confronté à des productions professionnelles à l’Opéra donc on doit être aussi professionnels que des adultes. Quand on arrive sur scène, on a une maîtrise parfaite de nos partitions. On travaille avec de grands metteurs en scène et ils ne peuvent pas se permettre de répéter quinze fois où l’on va donc quand ils nous disent une chose, il faut qu’on enregistre et qu’on le fasse bien tout de suite. Et ensuite il y a le défi de la représentation.

Je trouve que ça développe une exigence artistique incroyable et donne un cadre. Avec mon chœur, quand je fais des répétitions, je sais instinctivement comment faire pour que ça se passe bien. Quand je fais mon planning ou que je commence ma répétition, je sais que je terminerai à l’heure et que je respecterai mon emploi du temps. J’ai été baignée dans cette exigence là pendant dix ans : ça infuse sans que l’on ne s’en rende compte.

Pluridisciplinarité : À la maîtrise on fait du chant, du piano, des claquettes, de l’expression corporelle, le travail de la scène, du chant choral, la formation musicale Kodaly et je faisais du violon à côté. On a une bonne dizaine de matières différentes et ça ajoute donc plein de cordes à notre arc.

Est-ce que ça vous plaisait ?

Je suis restée 10 ans à la Maîtrise donc c’est que ça m’a plu ! C’est génial et comme une grande partie des enfants qui sont passés par la Maîtrise, l’expérience la plus frappante que l’on vit est celle de la scène, c’est assez incroyable.

La chance qu’on a à la Maîtrise de l’Opéra, c’est qu’on est sur scène pour des opéras, avec des personnalités musicales et artistiques et on chante avec le chœur de l’opéra. On a toute une équipe qui s’occupe de nous, c’est démentiel ; quand on est enfant on ne se rend pas compte mais on nous fait bien comprendre qu’on a de la chance. C’est fou comme expérience !

Et c’est aussi pour cela que je suis partie la dernière année, il n’y avait plus assez de productions, on était moins occupés. La maîtrise s’organise pour qu’on ait du temps pour nos études. C’est un parti-pris d’alléger le programme pour les lycéennes qui passent le bac.

Mais personnellement, si je ne suis pas débordée je travaille moins bien que si je suis débordée.

Dans quelle mesure réutilisez-vous ce que vous avez appris à la Maîtrise ?

Aujourd’hui j’utilise une bonne partie de ces enseignements.

Le corporel est ce qui m’avait le moins plu parce qu’on nous demande d’être canalisés alors que j’étais plutôt excitée. L’expression corporelle et les claquettes me servent de façon moins consciente que la technique vocale, du piano, du chant choral. J’avais une formation musicale déjà très solide en arrivant à la maîtrise donc le déchiffrage et la FMK (formation méthodologique Kodaly) m’ont moins nourri ; mais sinon ça m’aurait beaucoup servi.

Je réutilise donc tout ce que j’ai appris à la Maîtrise.

Vous sentez-vous légitime dans votre pratique ?

Ça dépend du contexte : au CNSMD, j’ai encore du mal à me dire que je ne suis qu’une élève, mais aussi une cheffe. En revanche, lorsque je suis avec mon chœur ou qu’il n’y a pas de regard extérieur, ou lorsque je suis en concert, je me sens légitime.

Je pense que ce n’est pas une fin en soi d’être au CNSMD et de monter son chœur, il faut que ça marche. Au CNSMD, je pense qu’il ne faut pas se reposer sur ses lauriers une fois qu’on est rentré. J’avais l’impression que c’était une fin en soi quand je tentais le concours et maintenant que j’y suis, je me rends compte de tout le chemin à parcourir une fois qu’on est dedans et même après. Et j’espère que tout au long de ma vie je me remettrai en question et que je continuerai à apprendre de mon entourage et des personnes qui m’inspirent.

Et aujourd’hui ?

Je développe mon ensemble vocal Syllepse, en cherchant des financements notamment. Nous avons déjà des projets de concerts, d’enregistrement et de collaboration avec d’autres ensembles vocaux.

J’interviens aussi à la Maîtrise de l’Opéra de Lyon où je remplace de temps en temps Karine Locatelli (cheffe de chœur).

Elle me donne souvent les primaires (CE1, CE2, CM1, CM2) et quand je suis arrivée la première fois dans la salle de chœur, ce qui m’a vraiment interloqué, c’est le silence des enfants et leur discipline : ils sont arrivés deux par deux ultra disciplinés, et ils m’arrivaient à la taille.

« On est vraiment des bébés quand on arrive à la Maîtrise ».

J’étais un peu intimidée : j’admire tellement le travail de Karine ! Je devais présenter le meilleur de moi-même ! Et c’est génial comme expérience, les enfants chantent super bien, ils ont une vitesse d’apprentissage assez impressionnante : il faut les nourrir et leur donner envie. Je suis ravie de le faire régulièrement. Je suis très touchée par la confiance de Karine.

Je suis restée assez en contact avec mes anciens profs, car le fait d’y retourner ça aide beaucoup et je suis ravie à chaque fois de les revoir.

« La maîtrise, c’est quand même un peu une famille. »

Dans 10 ans, j’espère que …

… mon ensemble vocal Syllepse aura une belle assise, que mes chanteurs seront tous professionnels et rémunérés.

… j’aurai toujours cette avidité de l’apprentissage. J’espère que je serai toujours en train d’appeler des chefs pour leur demander de venir voir une répétition, d’aller les voir travailler, de travailler avec d’autres ensembles.

… je travaillerai dans une institution, car au-delà de la stabilité financière, une fois qu’on est dans une institution on peut faire les choses à sa sauce.

J’ai envie de faire des choses variées, une maison d’opéra, une maîtrise, un chœur déjà créé.

… je serai une artiste complète du point de vue de ma formation. Je pense que c’est fondamental de faire un peu de direction d’orchestre quand on est chef de chœur et d’être une très bonne chanteuse : c’est tellement incroyable une cheffe de chœur qui a un bel exemple vocal : il n’y a plus que la musique qui parle.

J’encourage les familles à inscrire leurs enfants à la maîtrise car c’est une super école, c’est très complet.

Publié le 17/05/2021

Partager : Facebooktwitterlinkedinmail